L 'Inde musulmane nous offre, dans les commencements du xviie siècle, un ouvrage de compilation, qui est d'un grand intérêt pour la géographie; c'est le traité persan, composé par Aboul-Fazel, ministre de l' empereur mogol Akbar, et intitulé Ayyn-Akbery ou Institutes d' Akbar, par suite de l' intérêt qu' Akbar avait apporté à sa composition. L'empire fondé dans l' Inde par Babour, un des descendants de Tamerlan, avait pris, sous le règne d' Akbar, une grande extension et s' étendait depuis l' Afganistan jusqu 'au fond du golfe du Bengale, depuis l' Himalaïa jusqu'au Dekhan. Grâce à l'excellent gouvernement établi par Akbar, les provinces, pendant longtemps ravagées par les guerres intes­tines, avaient acquis une physionomie nouvelle. D'un autre côté, les vues libérales de l'empereur et de son ministre n'avaient rien de commun avec l'esprit étroit et exclusif qui caractérise l'islamisme, et ils avaient fait traduire en persan les meilleurs livres de la littérature sanscrite. Aboul-Fazel, se mettant à la tête d'une société de savants, entreprit une description géographique, physique et historique de l'empire, accompagnée de tableaux statistiques. Chacun des seize sou­bah ou gouvernements dont se composait alors l'empire mogol, y est décrit avec une minutieuse exactitude; la situa­tion géographique et relative des villes et des bourgs y est indiquée; l'énumération des produits naturels et industriels y est soigneusement tracée, ainsi que la nomenclature des princes, soit idolâtres, soit musulmans, auxquels les soubah avaient été soumis avant d'être enclavés dans l'empire. On trouve ensuite un exposé de l'état militaire de l'empire, et l'énumération de ce qui composait la maison du souverain, etc. L'ouvrage se termine par un précis, fait en général d'aprés les sources indigènes, de la religion brahmanique, des divers systèmes de la philosophie hindoue, etc.

L'auteur, par une recherche d'érudition deplacée, a effecté le style des anciens auteurs persans; on a souvent de la peine à le comprendre. En 1783, Francis Gladwin, encouragé par le gouverneur général Hastings, publia une ver­sion anglaise abrégée de l'ouvrage. Placé aussi favorable­ment qu'il l' était et aidé des conseils des indigènes, il vint à bout de difficultés qui auraient été partout ailleurs insur­montables. La version anglaise, plusieurs fois réimprimée, se répandit à la fois dans l'Inde et en Europe, et cette pub­lication n'a pas été, surtout dans les commencements, sans influence sur les progrès des études indiennes.

Maintenant, si on entreprenait une nouvelle édition de la version de Gladwin, l'on pourrait la rendre d'un usage encore plus utile. L'ouvrage fourmille de noms indigènes, particulièrement de mots sanscrits, et ces mots, en passant à travers les caractères de l'alphabet arabe, ont souvent subi d' horribles altérations. Au temps de Gladwin, l'on n'était pas assez avancé dans les études indiennes pour rendre à ces mots leur véritable physionomie. Maintenant, un indianiste qui saurait passablement le persan, rétablirait facilement les termes dans leur véritable état. Pour ma part, dans le cours de mes travaux sur l'Inde, j'ai fait subir des corrections à la transcription, au fur et à mesure des besoins.

Je ne dois pas négliger de dire un mot sur la table des noms de lieux, reproduite dans la version anglaise en carac­tères arabes avec leur transcription, et disposée d'après l'ordre des sept climats. Non-seulement beaucoup de noms sont altérés, mais encore les noms sont placés au hasard. En ce qui concerne la confusion, elle existe dans le texte original. Evidemment, la personne qui dans le principe, fut chargée de dresser cette table, était peu au courant de la géographie.

The criticism of Gladwin's version is just and this deli­cate animadversion I desire to imitate. His difficulties with varying and corrupt MSS. from which he had to translate were very considerable, and it is much to his credit that he has on the whole succeeded so well. But it is not to be denied that omissions are frequent and considerable and that he has often misconstrued his author and thus led those who followed and relied on him astray. In the Tables of Longi­tudes and Latitudes in the fourth book, the geographical names whether Persian or English are quite untrustworthy and very few are correctly spelt or transliterated. Much of the burden of this blame is to be laid on the original text which has been composed or transcribed without intelligence, discrimination or geographical knowledge, and for purposes of reference is so frequently incorrect as to be worthless. The fourth and fifth books which form the concluding volume of this work are now in course of translation and if the little leisure I can command will permit of it, I trust that their publication will not long be delayed. The constant elucidation which the text requires, involves no inconsider­able research which, while it lightens the exertion and encourages the patience of the reader, is among the transla­tor's most anxious and laborious tasks. I have dispensed with two indices, such as are appended to the first volume, the advantage of which I have not been able to discover. There appears to me no more reason for distinguishing geographical from other proper names than for disjoining names of men from those of women, or animate from inanimate objects. I have therefore included all in a single index. The names of the towns and villages in the list of Sarkárs, twice recorded by Abul Fazl both under the Ten Years' Settlement (p. 88. et seq.) and in the histories of the Súbahs, have not been separately entered, to avoid augment­ing the index without necessity. A reference to the Súbah and then to the Sarkár will suffice to trace the location of any particular town.

H. S. JARRETT.